Cést le titre d´un livre publié en 1909 par Madame
Charles d´ABBADIE d´ARRAST, "Etxauzeko Anderia", réedité
en 1998 par la maison Elkarlanean. Son auteur, Marie COULOMB, fille d´un
banquier parisien, protestante, féministe, était l´épouse
du plus jeune des deux frères et des trois soeurs du savant Antoine
d´ABBADIE.
L´ouvrage de Marie Coulomb, précédé d´une
présentation que j´ai eu l´honneur d´écrire,
comporte un avant-propos qui passe en revue les diverses théories
concernant l´origine du "peuple basque" (qu´elle appelle
aussi "nation" à certains moments). Elle s´abstient
sagement de conclure, à l´exemple de son beau-frère
Antoine, qu´elle évoque au passage.
Puis l´ouvrage se divise en quatre grandes parties:
- La femme (c´est à mon avis la partie principale)
- L´enfant dans le Pays Basque
- Les hôtes (animaux) de la maison basque
- La veillée dans la maison basque (légendes et devinettes)
Je ne vous dévoilerai pas ce qu´elle dit dans ces diverses
parties, c´est le privilège de la lecture et je ne saurais
vous en dispenser. Le but de cette présentation est au contraire
de vous encourager à lire les propos de Marie Coulomb. Ils sont en
général fort toniques et réalistes, malgré des
nostalgies rousseauistes à la gloire du bon primitif, du bon sauvage,
sur le point de sombrer dans les affres de la civilisation urbaine. Je soulignerai
cependant quatre points qui ont particulièrement retenu mon attention.
1- Un préjugé résolument favorable à la campagne
au détriment de la ville, jugée comme un lieu de perdition,
non seulement moral, mais aussi physique. Dans cette idéologie passéiste,
il y a toutefois un élement progressiste: on prend conscience du
phénomène de la pollution, et c´est la préhistoire
de l´écologie.
2- Marie Coulomb fut une féministe avérée, qui exerça
des fonctions importantes au niveau de la France et dans les relations internationales.
Mais dans notre République, il fallut attendre le gouvernement provisoire
de Charles de Gaulle pour accéder au suffrage universel véritable.
Dans ce livre le Féminisme de Marie Coulomb s´exprime discrétement.
Elle montre que le Code Civil de Napoléon, dont on est si fier, constitua
pour la femme un recul terrible par rapport aux anciens Fors (Fueros) basques
et pyrénéens. En bon mediterranéen, Napoléon
a fait de la femme une mineure, il l´a voilée.
3- Des points de vue originaux et réalistes qui vont à
l´encontre des idées reçues et de la légende
dorée, par exemple sur la vertu supposée des jeunes filles
basques du temps passé (pp.70-71) ou sur le fameux respect qu´auraient
eu nos prédécesseurs pour les personnes âgées
(p.71)... Je constate que nos aïeux n´étaient pas meilleurs
que nous et je remercie Marie Coulomb de le dire sans fard. Tant pis pour
les neiges d´antan et pour les chastes dames du temps jadis!
4- Vers la fin de l´ouvrage, l´attention se porte sur le
fléau de l´alcoolisme. L´alcool était la drogue
de l´époque, surtout parait-il en ville. Peut-on dire que ce
fléau ait disparu? Ne sommes-nous pas devenus esclaves d´un
opium nouveau, d´une religion nouvelle, celle de l´apéritif
, génératur d´alcoolisme social, étant donné
que dans un groupe d´amis, chacun se croit tenu d´offrir illico
sa propre tournée?
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En annexe de cet ouvrage de Marie Coulomb, le livre publié par
la maison Elkarlanean présente au lecteur six écrits en langue
basque concernant son époux Charles d´Abbadie d´Arrast.
Les quatre premiers furent publiés à la suite de son décés
en 1901, en un opuscule intitulé "Jean-Charles d´Abbadie
d´Arrast": allocutions prononcées devant sa dépouille
mortelle par le sous-préfet de Mauléon, un pasteur de Bayonne
et un pasteur de Paris, plus le récit "écrit par lui-même"
du voyage de Charles jusqu´en Ethiopie, de 1847 à 1849, à
la recherche de ses frères Antoine et Arnault sur les instances de
leur mère. Les trois premiers textes en tout cas sont certainement
traduits du français.
Le cinquième et le sixième texte concernent la candidature
de Charles aux élections législatives de 1869. L´un,
très court, est un appel en sa faveur, signé de diverses personnes.
L´autre est une profession de foi adressée par le candidat
aux électeurs des arrondissements de Bayonne et de Mauléon,
qui formaient alors une seule circonscription électorale correspondant
à l´ensemble du Pays Basque nord, (Soule, Basse Navarre et
Labourd).
Jean Louis Davant, natif et habitant d´Arrast, Ürrüstoi |